La Bataille de la Montagne du Tigre

Film : La Bataille de la Montagne du Tigre (2014)

Réalisateur : Tsui Hark

Acteurs : Zhang Hanyu (Yang), Lin Gengxin (Capitaine 203), Liya Tong (Petite Colombe), Tony Leung Ka Fai (Hawk)

Durée : 02:20:00


On voit depuis longtemps dans nos salles françaises les récits de guerre américains qui revisitent l’histoire du Nouveau continent (et parfois même du Vieux !), avec force louanges et storytelling. On commence à voir émerger d’autres romans cinématographiques concurrents, et notamment le roman national chinois.

La trilogie Ip Man (2008, 2010 et 2013) avait annoncé la couleur en racontant la naissance de l’unité chinoise, notamment en réaction à l’envahisseur japonais barbare et goujat. Le dernier film du réalisateur Tsui Hark (Détective Dee 1 & 2), La Bataille de la Montagne du Tigre, s’inscrit dans cette lignée : il raconte la prise d’un bastion de bandits par une unité restreinte de l’Armée de Libération, dans le Nord-Est de la Chine, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Nous sommes en 1946, et cette région anciennement colonisée par… le Japon est en proie à des gangs de pillards lourdement armés qui ont mis la main sur des stocks d’armes et de munitions abandonnées par les Nippons. C’est la guerre civile.

Le piton rocheux enneigé dans lequel le faucon Hawk a terré son nid de rebelles, n’est pas sans rappeler la forteresse imprenable du film de Brian Hutton, Quand les aigles attaquent (1968). A l’aide d’une mise en scène spectaculaire et stylisée, Tsui Hark raconte une histoire riche en batailles et en suspense, notamment à partir du moment où l’officier Yang est envoyé comme espion pour infiltrer les indélogeables détrousseurs. Le scénario, classique pour un film de guerre, donne curieusement une part assez réduite à la bataille finale qui donne son nom au film. On regrettera le schéma de narration un peu binaire employé pour désigner sans trop de distinction les gentils soldats courageux de l’Armée de Libération et les méchants pillards sadiques munis d’armes japonaises. Difficile de ne pas penser à certains procédés caricaturaux… américains, qui compliquent la recherche d’une authenticité historique.

Le film est par ailleurs rapidement encapsulé dans l’histoire actuelle d’un jeune étudiant newyorkais de la diaspora de China Town qui se remémore en fait les hauts faits guerriers de son grand-père grâce à son smartphone. Une parenthèse amusante servant de prétexte à l’histoire racontée, certes, mais délivrant aussi un message clair aux frères Han expatriés : regardez, à Hong Kong aussi on sait faire des super films en 3D ! Et puis n’oubliez pas que la mère patrie pense à vous, alors vous aussi pensez à votre histoire !

Une propagande décomplexée, mais de bonne guerre dans le cinéma…