Si le fait que ce film sort au moment où toute la classe médiatico-politique fait barrage au Front National est une coïncidence, alors le 11septembre était juste une erreur de pilotage ! Ne nous mentons pas à nous-même. Mon métier étant de le savoir, derrière Hugo Sélignac, ce film a été financé par l'ineffable Luc Besson, Daniel Goudineau de France 3 et Franck Weber, de Canal Plus. Si notre petit producteur en herbe est peut-être vierge de toute intention politique, il n'en est vraisemblablement pas de même pour ces vieux routiers.
Si -une fois n'est pas coutume- je souhaitais commencer par la fin, je mentionnerais sans aucun doute l'attaque contre SOS racisme au générique, accusé d'avoir instrumentalisé politiquement la marche et ses suites. Une telle pique ne devrait pas empêcher Julien Dray (fondateur de la dite association) et ses amis de dormir, puisqu'ils ont compris depuis longtemps que leur jouet est bel et bien cassé : cette association s'est comportée de façon si odieuse tant envers les Français dit "de souche" qu'envers les immigrés qu'à la seule évocation de son nom, on sent un ras-le-bol presque aussi gigantesque que celui des femmes envers les associations féministes.
L'idée générale est donc claire : montrer comment une marche apolitique était cependant justifiée par le contexte d'une France raciste et xénophobe, comment de courageux marcheurs ont souhaité dire "non" de façon non-violente et, comme l'exige le genre, combien la diversité et la solidarité étaient présentes à l'intérieur de cette marche (musulmans, chrétiens, lesbiennes, athées etc.).
Afin que le film ait de l'intérêt, il fallait également que les marcheurs soient régulièrement agressés de façon violente, voire ultra-violente, par de méchants Français extrêmement racistes.
Ainsi donc, un chasseur menace les marcheurs avec son fusil, une jeune musulmane se fait taillader le dos en forme de croix gammée, et une jeune fille se fait tabasser, presque violer. Sachant que la France n'est pas raciste mais que les États-Unis n'ont pas le monopole des cons, mon premier souci a donc été de savoir si ces faits étaient vraiment arrivés. Je n'en ai vu aucune mention nulle part, ce qui ne veut pas dire que ce ne soit pas arrivé, mais qui interdit en tout cas de le montrer dans le film comme des faits réels. Même le réalisateur, dans le dossier de presse, esquive la question. Quant à la petite phrase qui s'affiche au générique, énonçant que le film est "librement inspiré" de faits réels, elle prend soudainement tout son sens. Tout porte donc à croire qu'il ne s'agit pas d'un film historique mais d'un film de propagande, ce qui le rend d'autant plus intéressant, mais plus pour les mêmes raisons.
Le casting est remarquable et nous propulse dans l'ambiance des années 80.
Comme dans la réalité Olivier Gourmet, qui interprète Christian Delorme, un militant de gauche, ne porte pas de signe qui marque sa prêtrise. Bien au contraire, il n'est qu'un pote parmi les autres, organisateur de la marche tout de même mais rien, ni dans la forme ni sur le fond, ne le distinguerait d'un animateur quelconque. C'est à se demander pourquoi il n'a pas plutôt choisi d'être directeur de centre aéré. Il ne prie pas une seule fois et, comme l'explique le personnage original dans le dossier de presse, les parents pouvaient lui faire confiance : il n'essaierait de convertir personne, ce qui de fait, est un but parfaitement atteint. En revanche le rusé ecclésiastique n'a pas hésité à convertir son histoire en euros, puisqu'il a sorti un livre en octobre 2013 qui raconte la marche sur laquelle est basée le film.
Hassan, un personnage toxicomane remuant, est habilement joué par Jamel Debbouze, égal à lui-même et il en est de même pour les autres personnages.
La réalisation est assez sobre et parvient presque à masquer le petit budget du film. Elle s'aventure parfois en terre très américaine, où les travellings panoramiques, les contre-plongées et les plans serrés viennent gonfler l'aura des acteurs.
On regrettera donc que les faits réels soient trahis par de probables élucubrations partisanes, même si de véritables et douloureuses agressions eurent lieu en France en parallèle et à la même époque.
Cher Nabil Ben Yadir, il faudrait cependant peut-être voir à ne pas commettre ce dont on accuse les autres. Quand on déplore que les médias occultent la richesse humaine des populations immigrés pour se focaliser sur la délinquance, on ne peut dans le même temps accuser tout un pays des crimes de quelques-uns.
Si le fait que ce film sort au moment où toute la classe médiatico-politique fait barrage au Front National est une coïncidence, alors le 11septembre était juste une erreur de pilotage ! Ne nous mentons pas à nous-même. Mon métier étant de le savoir, derrière Hugo Sélignac, ce film a été financé par l'ineffable Luc Besson, Daniel Goudineau de France 3 et Franck Weber, de Canal Plus. Si notre petit producteur en herbe est peut-être vierge de toute intention politique, il n'en est vraisemblablement pas de même pour ces vieux routiers.
Si -une fois n'est pas coutume- je souhaitais commencer par la fin, je mentionnerais sans aucun doute l'attaque contre SOS racisme au générique, accusé d'avoir instrumentalisé politiquement la marche et ses suites. Une telle pique ne devrait pas empêcher Julien Dray (fondateur de la dite association) et ses amis de dormir, puisqu'ils ont compris depuis longtemps que leur jouet est bel et bien cassé : cette association s'est comportée de façon si odieuse tant envers les Français dit "de souche" qu'envers les immigrés qu'à la seule évocation de son nom, on sent un ras-le-bol presque aussi gigantesque que celui des femmes envers les associations féministes.
L'idée générale est donc claire : montrer comment une marche apolitique était cependant justifiée par le contexte d'une France raciste et xénophobe, comment de courageux marcheurs ont souhaité dire "non" de façon non-violente et, comme l'exige le genre, combien la diversité et la solidarité étaient présentes à l'intérieur de cette marche (musulmans, chrétiens, lesbiennes, athées etc.).
Afin que le film ait de l'intérêt, il fallait également que les marcheurs soient régulièrement agressés de façon violente, voire ultra-violente, par de méchants Français extrêmement racistes.
Ainsi donc, un chasseur menace les marcheurs avec son fusil, une jeune musulmane se fait taillader le dos en forme de croix gammée, et une jeune fille se fait tabasser, presque violer. Sachant que la France n'est pas raciste mais que les États-Unis n'ont pas le monopole des cons, mon premier souci a donc été de savoir si ces faits étaient vraiment arrivés. Je n'en ai vu aucune mention nulle part, ce qui ne veut pas dire que ce ne soit pas arrivé, mais qui interdit en tout cas de le montrer dans le film comme des faits réels. Même le réalisateur, dans le dossier de presse, esquive la question. Quant à la petite phrase qui s'affiche au générique, énonçant que le film est "librement inspiré" de faits réels, elle prend soudainement tout son sens. Tout porte donc à croire qu'il ne s'agit pas d'un film historique mais d'un film de propagande, ce qui le rend d'autant plus intéressant, mais plus pour les mêmes raisons.
Le casting est remarquable et nous propulse dans l'ambiance des années 80.
Comme dans la réalité Olivier Gourmet, qui interprète Christian Delorme, un militant de gauche, ne porte pas de signe qui marque sa prêtrise. Bien au contraire, il n'est qu'un pote parmi les autres, organisateur de la marche tout de même mais rien, ni dans la forme ni sur le fond, ne le distinguerait d'un animateur quelconque. C'est à se demander pourquoi il n'a pas plutôt choisi d'être directeur de centre aéré. Il ne prie pas une seule fois et, comme l'explique le personnage original dans le dossier de presse, les parents pouvaient lui faire confiance : il n'essaierait de convertir personne, ce qui de fait, est un but parfaitement atteint. En revanche le rusé ecclésiastique n'a pas hésité à convertir son histoire en euros, puisqu'il a sorti un livre en octobre 2013 qui raconte la marche sur laquelle est basée le film.
Hassan, un personnage toxicomane remuant, est habilement joué par Jamel Debbouze, égal à lui-même et il en est de même pour les autres personnages.
La réalisation est assez sobre et parvient presque à masquer le petit budget du film. Elle s'aventure parfois en terre très américaine, où les travellings panoramiques, les contre-plongées et les plans serrés viennent gonfler l'aura des acteurs.
On regrettera donc que les faits réels soient trahis par de probables élucubrations partisanes, même si de véritables et douloureuses agressions eurent lieu en France en parallèle et à la même époque.
Cher Nabil Ben Yadir, il faudrait cependant peut-être voir à ne pas commettre ce dont on accuse les autres. Quand on déplore que les médias occultent la richesse humaine des populations immigrés pour se focaliser sur la délinquance, on ne peut dans le même temps accuser tout un pays des crimes de quelques-uns.