La nuit au musée

Film : La nuit au musée (2006)

Réalisateur : Shawn Levy

Acteurs : Ben Stiller (Larry Daley), Carla Gugino (Rebecca), Mickey Rooney (Kaa), Robin Williams (Teddy Roosevelt)... .

Durée : 01:48:00


Adaptation du livre pour enfants homonyme de l’auteur croate Milan Trenc, La nuit au musée a été scénarisé par deux admirateurs du Museum d’Histoire naturelle, Thomas Lennon et Robert Ben Garant (qui avaient déjà écrit le scénario de La Coccinelle revient, 2005). Leur souhait était de donner réalité à un rêve d’enfant: se cacher dans un musée pour « se
retrouver seul, à la nuit tombée, au milieu de personnages légendaires ou d'énormes créatures …
», dixit Robert Garant.

Cette comédie familiale est interprétée dans le rôle principal par l’acteur comique Ben Stiller, connu pour jouer souvent des personnages clownesques et hilarants (Mary à tout prix en 1998, Starsky et Hutch en 2004 etc.). On peut aussi noter la présence de trois vétérans du cinéma, qui jouent les trois anciens gardiens de musée : Mickey Rooney, célèbre pour ses films et feuilletons destinés aux enfants, Dick Van Dyke (Mary Poppins) et Bill Cobbs. Le film a nécessité un colossal travail de préparation, il a en effet fallu intégralement reconstituer les salles et les collections du Museum d’Histoire naturelle et animer de façon cohérente les animaux et miniatures ramenés à la
vie.

Calibré pour amuser sans ennuyer, La nuit au musée est un festival de gags et de clichés volontaires, l’ensemble prêtant franchement à rire : un effrayant squelette de tyrannosaure en manque affectif, un petit singe turbulent, un Attila bouleversé par une enfance malheureuse, des hommes des cavernes cherchant à maîtriser le feu et l’extincteur... Le film est mené avec un rythme qui ne faiblit qu’assez peu, grâce à une musique entraînante, jusqu’à une fin sans surprise, qui illustre à la fois le comique de situation et la moralité formatée. Techniquement c’est très réussi ; les effets spéciaux remplissent, au-delà du défi technologique, une mission comique : par exemple on voit avec plaisir des cow-boys miniatures s’en prendre à Larry, assimilé au géant Gulliver, avant d’affronter des légions romaines échappées de leurs vitrines.

La prouesse technique masque il est vrai un manque d’originalité flagrant dans le scénario, ce qui est dommage étant donné la nouveauté
enthousiasmante de l’idée de départ. Mais Ben Stiller se démène comme un beau diable pour donner vie au récit, et y réussit très bien. 

Le film tire sa substance des comédies familiales à la Walt Disney. Le héros est un personnage un rien naïf mais au grand cœur, père divorcé (évolution des mœurs oblige…) qui a peur de perdre la garde de son fils s’il reste obstinément au chômage. Les méchants sont les trois gardiens sur le départ, à l’origine sympathiques et farceurs, mais qui, rattrapés par le goût du lucre, deviennent soudain brutaux et sans scrupules. Cependant Larry est de l’étoffe des héros qui ont forgé l’Amérique et réconcilie les discordes entre Romains et cow-boys, entre Nordistes et Sudistes pour se lancer à la poursuite des malfaiteurs... Cette intrigue un peu artificielle n’est qu’un prétexte à un amusement somme toute honnête et franc. 

Porteur des grands sentiments à l’américaine (l’homme ordinaire devenant héros pour son fils), le
réalisateur de Maman j’ai raté l’avion (1990) ne parvient pas toutefois à approfondir ou renouveler son répertoire de personnages qui deviennent peu à peu fades, au même titre que les valeurs qui les dirigent. D’autant qu’en se pliant aux exigences de la modernité universelle, les messages traditionnels de la comédie familiale classique périclitent progressivement : la famille est devenue entité recomposée, le film met en avant le fun à tout prix plutôt que la noblesse et la simplicité des vertus (charité, don de soi etc.), bref le film ne dépasse pas le stade du divertissement efficace et consensuel.

NB : citations tirées des notes de production.
 

 

Stéphane JOURDAIN