La Promesse d'une vie

Film : La Promesse d'une vie (2014)

Réalisateur : Russell Crowe

Acteurs : Russell Crowe (Joshua Connor), Olga Kurylenko (Ayshe), Yılmaz Erdoğan (Le commandant Hasan), Cem Yılmaz (Le sergent Jemal)

Durée : 01:51:00


Allez… C'est parti… Russell Crowe passe derrière la caméra. Pardon ? Devant aussi ? Oui, mais attachons-nous particulièrement à sa patte, puisque c'est la première fois qu'il s'assoit dans le fauteuil du « réal » !

On sait bien que l'australien avait déjà réalisé Texas et 60 Odd hours in Italy mais il ne s'agissait que de documentaires. Là, on arrête de rigoler. Le gladiateur a décidé de nous faire rire, pleurer, vibrer et réfléchir sur une époque : l'engagement de l'Australie aux côtés de l'Angleterre contre la Turquie pendant la Seconde Guerre mondiale.
En fait de pleurer, c'est assez raté. Même si le spectateur est confronté à des faits de nature grave et profonde (la guerre, la paternité, l'amour…), son petit cœur ne se serrera probablement pas au point de faire couler ses yeux délicats. On est compatissant, mais c'est à peu près tout.
En ce qui concerne l'humour, allez plutôt contempler la porte des geôles fresnoises, et vous rigolerez plus. A charge ? Non… Il s'agit d'un drame. On n'est quand même pas toujours obligés de se taper sur les côtes ! Sans blague…
Pour ce qui est de vibrer, le scénario est inégal. La plupart du temps, on éprouve de la sympathie pour ce papa en quête de ses fistons, mais ce qui fait vraiment vibrer tient en peu de scènes. Celle des soldats enfoncés dans les furies sanguinaires de la guerre, celle des agonisants sur le champ de bataille, bien filmées et allumant l'empathie…

C'est donc moins dans la virtuosité cinématographique que dans la beauté des thèmes eux-mêmes que réside l'honneur du film.
La douleur des parents privés de leurs fils, d'abord, qui déclenche naturellement l'empathie.
L’agnosticisme forcené de Joshua (croyant dans un dieu qu'il abhorre) qui renforce la misère de son personnage. Russell Crowe aurait pu creuser ce thème bien plus, mais il y renonce. Dommage, car de ce fait on garde du bonhomme l'image de celui qui ne surmonte pas vraiment son malheur.
L'honneur des militaires, ennemis mais unis pour pleurer leurs morts, et la figure de cet officier turc sauvant un jeune garçon des fureurs de l'assaut, comprenant la douleur de ce père ennemi qui pleure les siens, fomentant implacablement la résistance, mais sans esprit de vengeance.
La romance naissante entre Joshua et Ayshe enfin, qui perdit son mari de la main des compatriotes de cet homme.

L'historicité demanderait l'avis d'un spécialiste, mais les événements ne sont clairement là que pour servir magnifiquement le contexte. « Magnifiquement, » car le souci de reconstitution est réel. Les paysages sont magnifiques (dévoilant un aspect probablement peu connu de la Turquie mais surtout de l'Australie), les costumes authentiques, l'ambiance très bien rendue, particulièrement par les basses sonores très puissantes du tout début, de retour dans les moments de bataille ou d'action.
Bien sûr, hommage d'un patriote à son île, Russell Crowe en profite pour rendre hommage à ceux qui se sont battus pour la couronne, et tout particulièrement à ceux dont les cadavres n'ont jamais été authentifiés ou retrouvés.

Vu le personnage, on aurait pu attendre un film de bourrin. Ce n'est certainement pas le cas. En revanche le scénario manque de puissance, et s'interdit d'approfondir suffisamment les sujets qu'il s'est proposés.
On attendra donc le prochain pour se faire une idée plus précise des capacités de Russell le réalisateur.