L'ami retrouvé

Film : Reunion (1989)

Réalisateur : Jerry Schatzberg

Acteurs : Jason Robards (Hans Strauss(alt)), Christien Anholt (Hans Strauss(jung)), Samuel West (Konrad(in) Graf v. Lohenburg), Françoise Fabian (Gräfin v. Lohenburg), Maureen Kerwin (Lisa)

Durée : 1h 50m


La part d’autobiographie est très forte, dans le roman L’Ami retrouvé que Fred Uhlman publie en 1971. Il y raconte sa jeunesse dans l’Allemagne tout juste Hitlérienne du début des années 30. Adapté pour le cinéma par le scénariste et écrivain nobélisé Harold Pinter, ce roman garde toute la force de sa narration en partie grâce au jeu sincère des deux jeunes hommes Christien Anholt (Hans Schtrauss alias Ulhman) et Samuel West (Konrad von Lohenburg). Les deux personnages donnent une vie très plaisante à l’univers suranné de l’époque ou la culture, l’élégance et la courtoisie agrémentent notre voyage dans le temps.

 

Cette ambiance permet de donner un caractère très mûr à l’amitié des personnages, nourrie par les discussions sur la littérature, le monde ou l’intimité. On y évoque Dostoïevski, la noblesse, le nazisme, Dieu, la naissance du désir… Mais aussi les aventures à bicyclette dans la forêt qui guérissent le sentiment d’exclusion fondateur de leur rencontre.

 

Moins de finesse en revanche lorsqu’il s’agit d’évoquer les familles et les « milieux » dont sont issus les héros. Peut-être la candeur adolescente explique-t-elle ces avis si tranchés, mais pas moyen de savoir pourquoi le juif est la gentille victime qui n’a rien fait à personne et la noblesse allemande, une vieille chimère usée prête à se soumettre à la haine. Aucun avis non plus sûr la montée du nazisme, décrit comme l’idéologie de quelques aboyeur avilis et décérébré — mais qui remporta malgré tout, les suffrages. Quoi qu’il en soit, là n’est pas l’ambition de l’histoire…

 

Mais il me faut justement omettre le cœur de cette histoire pour éviter de tout gâcher, mais c’est bien dans cette chute que vient s’imprimer la leçon d’une grande amitié. Les certitudes sont ennemies de la bienveillance et le questionnement, la recherche ténue de la vérité peuvent seuls nous unir et nourrir notre amour. C’est là que nous mènent ces deux petites heures d’un récit passionnant et beau mené comme un roman ou une courte nouvelle, inexorablement vers la chute, que le spectateur peut enrichir d’une lecture : La Lettre de Conrad, Roman de Fred Uhlman et suite de L’ami Retrouvé.