Straight Outta Compton relate l’aventure du groupe de rap N.W.A, groupe mythique et sulfureux au sein duquel on trouve les encore célèbres Dr Dre et Ice Cube, mais aussi DJ Yella, MC Ren et Easy-E. À la fin des années 80, une bande d’amis, tous plus ou moins criminels – violence, violence aggravée, et même trafic de drogue et, qui sait, meurtre pour Easy-E – se lance dans le rap en s’appuyant sur les financements qu’Eric Wright (alias Easy-E) a tiré de son trafic de crack. Fin de la misère pour ces garçons de la piteuse et violente cité de Compton… Après le succès explosif de leur chanson de « reality rap » racontant sans détour leur vie de victime et coupable du trafic de drogue, ils obtiennent l’argent, le sexe, la renommée, et un sentiment de puissance exacerbé qui les pousse à la plus grande insolence.
Le scénariste a eu l’intelligence de développer chaque personnage dans des scènes communes et non de les séparer comme s’ils avaient chacun une identité propre. Ce qui fait leur force, c’est d’être un peu « tous les mêmes », et de trouver leur identité dans le groupe. Leur époque la plus sombre, d’ailleurs, ne se trouve pas dans la période sulfureuse et immorale du succès, mais durant les longues années de ruptures, entre 1990 et 1993. Le scénario a aussi pour lui de s’épargner tout angélisme et de ne pas hésiter à nous faire détester chaque personnage, à un moment ou à un autre, pour mieux construire l’émotion du final. On découvre l’arrogance d’Ice Cube, le manque de fidélité de Dre – qui reste malgré tout le personnage le plus attachant – mais surtout la bêtise des trois autres – y compris du leader-dealer Easy-E – qui, quand elle atteint ce niveau, est qualifiable de délit. J’en prends pour exemple la scène où ils pourchassent dans un hôtel un homme venu chercher sa femme dans l’orgie de groupies que le groupe avait organisé. Les violences contre les femmes de plusieurs membres du groupe ne sont malgré tout pas évoquées, même si les artistes ont présenté des excuses publiques… le film évoque déjà bien assez de vices.
La réalisation est l’atout majeur du film : soignée et explosive, elle s’appuie sur les lignes musicales puissantes de Dr Dre, DJ Yella, Funkadelic ou encore Tupac, et sur l’esthétique du clip hip-hop pour captiver le spectateur. Alternant des extérieurs urbains de nuit sous les gyrophares de la police et des villas luxueuses sous le soleil ; des voitures de luxe et des planques crasseuses… Tout cela pour développer visuellement la schizophrénie des rappeurs : agressifs et sombres dans leur vie privée mais sympathiques et plus colorés quand il se vouent à leur art. Cette ambivalence est symbolisée dès le début du film, quand Easy-E sort son arme, cachée dans un haut-parleur. Seul point de friction de ces deux personnalités : la scène. Les séquences de concert sont toutes des réussites. On y voit toujours les gamins fiers d’avoir accompli leur rêve, mais aussi les gangsters sous-jacents toujours menaçants, prêts à exploser comme le prouve le fameux concert de Détroit en 1989, qui dégénéra en émeute.
Straight Outta Compton n’est pas un film historique sur le racisme aux Etats-Unis, même s’il essaye de l’être en évoquant l’affaire Rodney King – Afro-américain passé à tabac par la police et qui n’obtint pas justice. Ce n’est pas non plus l’amende honorable d’anciens voyous aujourd’hui riches à millions… C’est l’Amérique qui fait face au paradoxe de son propre rêve ! Celui de promettre haut et fort gloire et succès à tout le monde, tout en chuchotant d’écraser les autres pour monter. C’est le récit initiatique d’une bande de jeunes qui envoient toute leur vie en l’air pour accomplir un rêve ! Des insolents qui ont eu beaucoup trop de chance et ne savent même plus qui remercier. Au fond de ce film se trouve la morale de tous les films de gangsters : « Don’t get high on your own supply » (« ne te drogue pas avec ce que tu vends »). Ici, nos dealers de rap violents auront dû renoncer à être les héros de leurs propres chansons. D’ailleurs ils ne le sont plus, puisqu’ils ont réussi à fuir… Straight Outta Compton.
Straight Outta Compton relate l’aventure du groupe de rap N.W.A, groupe mythique et sulfureux au sein duquel on trouve les encore célèbres Dr Dre et Ice Cube, mais aussi DJ Yella, MC Ren et Easy-E. À la fin des années 80, une bande d’amis, tous plus ou moins criminels – violence, violence aggravée, et même trafic de drogue et, qui sait, meurtre pour Easy-E – se lance dans le rap en s’appuyant sur les financements qu’Eric Wright (alias Easy-E) a tiré de son trafic de crack. Fin de la misère pour ces garçons de la piteuse et violente cité de Compton… Après le succès explosif de leur chanson de « reality rap » racontant sans détour leur vie de victime et coupable du trafic de drogue, ils obtiennent l’argent, le sexe, la renommée, et un sentiment de puissance exacerbé qui les pousse à la plus grande insolence.
Le scénariste a eu l’intelligence de développer chaque personnage dans des scènes communes et non de les séparer comme s’ils avaient chacun une identité propre. Ce qui fait leur force, c’est d’être un peu « tous les mêmes », et de trouver leur identité dans le groupe. Leur époque la plus sombre, d’ailleurs, ne se trouve pas dans la période sulfureuse et immorale du succès, mais durant les longues années de ruptures, entre 1990 et 1993. Le scénario a aussi pour lui de s’épargner tout angélisme et de ne pas hésiter à nous faire détester chaque personnage, à un moment ou à un autre, pour mieux construire l’émotion du final. On découvre l’arrogance d’Ice Cube, le manque de fidélité de Dre – qui reste malgré tout le personnage le plus attachant – mais surtout la bêtise des trois autres – y compris du leader-dealer Easy-E – qui, quand elle atteint ce niveau, est qualifiable de délit. J’en prends pour exemple la scène où ils pourchassent dans un hôtel un homme venu chercher sa femme dans l’orgie de groupies que le groupe avait organisé. Les violences contre les femmes de plusieurs membres du groupe ne sont malgré tout pas évoquées, même si les artistes ont présenté des excuses publiques… le film évoque déjà bien assez de vices.
La réalisation est l’atout majeur du film : soignée et explosive, elle s’appuie sur les lignes musicales puissantes de Dr Dre, DJ Yella, Funkadelic ou encore Tupac, et sur l’esthétique du clip hip-hop pour captiver le spectateur. Alternant des extérieurs urbains de nuit sous les gyrophares de la police et des villas luxueuses sous le soleil ; des voitures de luxe et des planques crasseuses… Tout cela pour développer visuellement la schizophrénie des rappeurs : agressifs et sombres dans leur vie privée mais sympathiques et plus colorés quand il se vouent à leur art. Cette ambivalence est symbolisée dès le début du film, quand Easy-E sort son arme, cachée dans un haut-parleur. Seul point de friction de ces deux personnalités : la scène. Les séquences de concert sont toutes des réussites. On y voit toujours les gamins fiers d’avoir accompli leur rêve, mais aussi les gangsters sous-jacents toujours menaçants, prêts à exploser comme le prouve le fameux concert de Détroit en 1989, qui dégénéra en émeute.
Straight Outta Compton n’est pas un film historique sur le racisme aux Etats-Unis, même s’il essaye de l’être en évoquant l’affaire Rodney King – Afro-américain passé à tabac par la police et qui n’obtint pas justice. Ce n’est pas non plus l’amende honorable d’anciens voyous aujourd’hui riches à millions… C’est l’Amérique qui fait face au paradoxe de son propre rêve ! Celui de promettre haut et fort gloire et succès à tout le monde, tout en chuchotant d’écraser les autres pour monter. C’est le récit initiatique d’une bande de jeunes qui envoient toute leur vie en l’air pour accomplir un rêve ! Des insolents qui ont eu beaucoup trop de chance et ne savent même plus qui remercier. Au fond de ce film se trouve la morale de tous les films de gangsters : « Don’t get high on your own supply » (« ne te drogue pas avec ce que tu vends »). Ici, nos dealers de rap violents auront dû renoncer à être les héros de leurs propres chansons. D’ailleurs ils ne le sont plus, puisqu’ils ont réussi à fuir… Straight Outta Compton.