Twelve

Film : Twelve (2010)

Réalisateur : Joel Schumacher

Acteurs : Chace Crawford (White Mike), Curtis '50 Cent' Jackson (Lionel), Rory Culkin (Chris), Emma Roberts (Molly) .

Durée : 01:35:00


Un film noir sur les méfaits de la drogue, un brin moralisateur, qui aurait pu servir très utilement une campagne de sensibilisation s'il n'étalait tant de sexe et de violence.

Un adolescent tué dans une cage d'escalier parce qu'il a été témoin d'un deal qui a mal tourné, une jeune fille brillante qui saccage ses chances de réussite et finit par vendre son corps pour obtenir la drogue qui lui permet de
fuir son quotidien, un dealer qui ne voit pas son ticket vers le bonheur en la personne d'une jeune fille mariant la beauté à la profondeur, des parents désemparés qui se déchargent de leurs responsabilités sur les « psys » quand ils ne se réfugient pas dans le mépris, des jeunes de bonne famille qui comblent le vide de leur existence par l'instinct animal du plaisir sous toutes ses formes, et la Twelve, drogue nouvelle sur la marché, qui se repaît du sang et des larmes de ses victimes...

Un film choral noir, ciselé par un artisan du thriller (Phone Game, 2002) et servi avec sincérité par une pléiade de jeunes acteurs talentueux.

Produit de consommation élémentaire de cette jeunesse huppée, au même rang que les téléphones mobiles, la
drogue sert de moteur à une vie sans but, démontrant une fois de plus qu'elle est le produit d'un contexte social au lieu d'en être la cause.

On regrette que Joel Schumacher, par souci de réalisme, souhaite en mettre à l'image toutes les turpitudes. Il ne lui manque que ce talent : celui de savoir suggérer. Oui elle vend son corps ! Mais inutile de les montrer dans une intimité qui, après tout, ne regarde qu'eux, puisque derrière chaque jeune fille qui se déshabille, c'est une actrice qui est nue. Ce travers est d'autant plus étrange que, sur la question de la violence, le film est bien plus pudique.

White Mike, personnage principal de l'oeuvre, est l'image du petit dealer prétendument malin qui enfreint les règles de son bonheur.
Intelligent, profondément marqué par la mort de sa mère, le deal lui permet d'exercer une influence sur un monde qu'il méprise et au coeur duquel il n'est, selon ses propres mots, qu'un « fantôme ». Espérant ainsi échapper à la brûlure de la dépravation, il s'enferme dans l'univers suffoquant d'une jeunesse agonisante dont il a besoin pour se sentir vivre. Alors qu'il semble la contrôler, c'est lui qui en est la marionnette pitoyable, aveugle du même coup sur l'amour de sa vie auquel il cache sa vie (pour protéger leur amour ?).

Deuxième centre principal de l'analyse du film : l'adolescence, qui se creuse de superficialité. La jeune fille la plus « sexy » du lycée se déteste de profiter ainsi de ses charmes pour manipuler, à l'aide de formules toutes faites, les garçons naïfs mais « intéressants ». Ses « amies », en permanence en
train de tapoter sur leurs téléphones portables pour mieux oublier leur crétinisme (caricaturé par leurs voix décérébrées), n'ont pour autre préoccupation qu'un jeu de séduction dont elles sont les dindes. Les garçons sont des prédateurs qui ont besoin de se prouver qu'ils sont de bons chasseurs.

Et Dieu dans tout ça ? Le film pose cruellement la question en faisant entrer White Mike, attéré par la nouvelle de la mort de son ami, dans une église. Il cherche un sens et ne le trouve pas, désespérément.

Désespérément...