- Grands adolescents
Cote VA:
++++--
Mel Gibson se représente la Passion dans le style âpre et puissant, mais souvent outrancier qui est le sien : figures grimaçantes, visions hallucinées du Démon, corps déchiré et lacéré de Jésus, bande sonore éprouvante, etc. On peut trouver ce style pesant et excessif, mais la composition est puissante. Le cinéaste maintient constamment une sorte de profondeur de champ spirituelle entre deux niveaux de lecture : au premier plan, la représentation dramatique de l'action historique, terriblement réaliste, à l'arrière-plan, une méditation sur le mystère d'iniquité et de rédemption en train de s'accomplir : le combat du Christ contre le Démon, seul véritable ennemi, pour sauver les hommes. Beaucoup de plans sont remarquablement expressifs, tel le visage partagé du Christ, un œil tuméfié et clos évoquant la violence humaine, l'autre ouvert exprimant la miséricorde divine. Un montage très théologique fait dialoguer, autour de sa face défigurée, le monde du péché et celui de la grâce (Maia Morgenstern interprète admirablement Marie, mère des croyants). Et relie, par une série de flash-back, la Croix et la Cène.
Cote VH:
+++-
C'est une la méditation très personnelle d'un croyant au pied de son Sauveur. Elle peut ne pas convenir à tout le monde, ce n'est pas «parole d'Evangile». Mais la sincérité, l'honnêteté de Mel Gibson, qui se met en cause (c'est sa main qui enfonce le clou dans la main du Sauveur), la profondeur de sa vision en font une oeuvre exceptionnelle qui rappelle aux croyants à quel prix ils ont été rachetés et de quel amour ils sont aimés. Les non-croyants peuvent y voir l'injustice et la violence faites aux innocents, et la réponse chrétienne à la question toujours actuelle du Mal. Mais si l'on ne voit pas cette dimension théologique ou philosophique du film, ne reste que la violence du drame.
Auteur:
Marie-Noëlle Tranchant
Film correspondant:
La Passion du Christ