Il était une fois rien du tout

Film : Once Upon a Time… in Hollywood (2019)

Réalisateur :

Acteurs : Leonardo DiCaprio (), Brad Pitt (), Margot Robbie (), Emile Hirsch (), Margaret Qualley (), Timothy Olyphant (), Julia Butters (), Austin Butler (), Dakota Fanning (), Bruce Dern (), Mike Moh (),...

Durée : 2h 39m


Le premier Once upon a time in Hollywood était une comédie loupée, malgré un De Niro qui essayait de sauver ce qu'il pouvait. 
Le second n'a rien à voir ; c'est un Tarantino. Culte pour les uns, imposteur et faux grand pour les autres, toujours est-il que Tarantino réalise là une histoire bien vide. 

Deux lignes rouges se dessinent péniblement : une nostalgie de la virilité façon seventies, héritée du mythe cow-boy que les Américains rêvent de voir toujours exister sous de nouvelles formes, pourvu qu'il dure (avec le charismatique Brad Pitt dans un rôle bien plus à droite que d'habitude), avec quelques répliques qui font mouches ("Fu**ing hippies...", avec la petite grimace hautaine de Di Caprio, ça se savoure, il faut reconnaître), et une démonstration de force par son compère Brad Pitt, en plein conflit avec une meute de ces demi-perdus dans laquelle la figure masculine est au mieux un larbin, au pire une serpillère ; en bref, un combat franc entre féminisme des 70' (la transposition temporelle est juste là pour ne pas trop s'attirer de foudres) et les derniers des Mohicans incarnant la vertu réputée masculine : force, maîtrise de soi, protection, indépendance, débrouillardise, etc. 

Ce choc aurait pu devenir intéressant (une ou deux scènes sont tout de même bien écrites et mises en scène) s'il n'avait pas été qu'un thème parmi d'autres du film. Bien que Di Caprio soit convaincant et amusant en acteur en pleine crise de confiance, il n'apporte pourtant pas un sujet qu'on brûlait de voir à l'écran. Un acteur torturé, ça sert d'intrigue bonus pour donner de l'épaisseur à un personnage, pas d'intrigue principale... 

Le problème tourne à l'absurde pour Margot Robbie, qui a rarement été aussi mal exploitée à l'écran, incarnant une blonde banale (quand on a une espèce de nouvelle Sharon Stone sous le bras, on ne la filme pas en train de faire du Cameron Diaz ; si pour vous, Robbie est une poupée de plus, regardez donc Moi, Tonya,  2018) allant voir ses petites scènes dans des cinémas perdus par fierté, et... c'est tout. Son rôle est totalement inutile, à se demander si Tarantino ne lui a pas coupé la moitié de ses scènes. 

Tout cela n'a pas de véritable intrigue, n'a pas vraiment de sens : Tarantino bavarde, et fait tout exploser dans un habituel bain de sang, le genre de massacre de réalisateur en manque de frissons d'autrefois, du cinéma plus trash qui existait dans les années 1980, qu'on a désormais relégué (et pas pour rien) au rang éloquent de "série B". 

Sans intrigue, un film n'est décidément rien. Ça a l'air bête, évident, mais ça ne l'a pas toujours été, et même aujourd'hui, des réalisateurs de renom font parfois l'impasse dessus. Ce débat était extrêmement animé et partagé dans les années 1920, une grande époque de foisonnement cinématographique maintenant presque oubliée (débat entre les deux grands rivaux russes Eisenstein et Vertov). Ainsi, Il était une fois à Hollywood ne raconte décidément pas grand-chose, à part que Tarantino a besoin d'inspiration, car il a soif de films.